L’Association Hellénica a organisé, le 7 octobre 2011, une table ronde à Paris, à l’Ecole Nationale d’Administration sur le thème :
Grèce-Chypre-France-Union Européenne,
un partenariat à développer dans une situation de crise
L’objectif de cette manifestation était d’identifier les types de partenariats existants entre la Grèce, Chypre et les pays membres de l’UE, ceux à développer et les modes de financement pour chacun.
Nous remercions de leur présence parmi nous Monsieur Apostolos Balttas, premier conseiller représentant S.E. Monsieur Chalastanis, ambassadeur de Grèce en France, ainsi que Madame Eva Yiasemidou, Chargée d’Affaires de la République Chypriote, Monsieur Evagoras Mavrommatis, Président de la Communauté Chypriote de France, Monsieur Nikos Prantzos, Président de diktyo, le réseau d’associations helléniques et philhellènes de l’Ile de France.
Nous adressons nos remerciements à l’ENA qui a mis son amphithéâtre Alexandre Parodi à la disposition de notre Association.
Nous avons reçu de nombreux messages de sympathie d’élus qui ont salué notre initiative et exprimé leur solidarité avec le peuple grec et la République de Chypre :
– Monsieur Philippe Dominati, sénateur de Paris, nous écrit «…en cette année difficile, je souhaite pleine réussite à vos travaux et vous adresse tous mes encouragements pour votre action..,»
– Monsieur Georges de Zerbi, maire adjoint de la ville de Bastia, délégué à la coopération transfrontalière «…au nom de la Ville de Bastia, je souhaite pleine réussite et franc succès à la table tonde que vous organisez. Je suis vraiment au regret de ne pouvoir me libérer alors que les thèmes abordés correspondent tout a fait a la situation de crise actuelle… et entrouvrent l’espoir d’un plus grand partenariat entre les peuples et les collectivités locales…»
– Madame de Gentili, conseillère exécutive chargée de l’international à la Collectivité territoriale de Haute-Corse, nous adresse son soutien et ses regrets de devoir annuler sa participation en raison d’une session de l’Assemblée de Corse.
– Monsieur Michel Lejeune, députe de Seine-Maritime et maire de Forges-les-Eaux : «L’Europe connait aujourd’hui un passage difficile que nous devons tous ensemble surmonter… Mon message est un message de solidarité avec votre pays qui a été le creuset d’une civilisation qui marque encore notre vie quotidienne. C’est un message d’amitié pour le peuple grec et le peuple chypriote et pour ce dernier un espoir de voir un jour cette ile réunifiée …»
– L’Association de jumelage Nevers-Stavroupoli nous adresse ses amitiés et exprime son espoir «Η Ελλάδα ποτέ δεν πεθαίνει… (La Grèce ne meurt jamais)»
Nous remercions tous les participants à cette table ronde qui ont contribué à la réussite de cette manifestation, nous confortant ainsi dans notre objectif de promotion de l’hellénisme.
Compte-rendu de la table ronde
-Allocution de Madame Evelyne Janvier, secrétaire générale de l’Association :
« …Hellénica, créée fin 2008, a pour objet la promotion de l’hellénisme ; elle est membre de diktyo et nous en sommes très fiers. Nous remercions l’ENA d’avoir mis ce magnifique amphithéâtre à notre disposition. Le thème de cette table ronde est : «Grèce-Chypre-France-Union Européenne, un partenariat à développer dans une situation de crise.»
La crise : pour la Grèce, nous connaissons tous l’ampleur de la crise politique, l’abime séparant le peuple de son gouvernement, l’explosion du chômage, 2 chiffres : 42% des moins de 24 ans, 1/3 des moins de 29 ans et aucune perspective, exode massif des cerveaux etc. Le patronat aussi s’insurge: Mr. Constantin Michalos, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Athènes déclare : «La Grèce se transforme en hospice pour les pauvres, avec de nouvelles mesures annoncées chaque jour et chaque semaine..». La politique menée ne peut «être supportée ni par les entreprises ni par les travailleurs, ni par les retraites …» et il estime «…qu’elle conduira a la destruction économique et sociale du pays. » (source : Le Monde du 22 septembre 2011).
En plus des problèmes connus, Chypre vit maintenant sous la menace d’une agression extérieure, le leader de la République islamique de Turquie qui étale son ambition de reconstituer le grand empire ottoman menace de guerre au prétexte des forages dans les eaux territoriales Chypriotes. Mais nous sommes à un moment stratégique pour Chypre qui présidera l’Union Européenne au second semestre 2012.
Dans cet objectif de promotion de l’hellénisme, nous devons essayer de définir les opportunités de partenariat avec la France et l’UE: Quels types de partenariats pour quels financements ? Voici les questions auxquelles nos orateurs vont répondre.
– Monsieur Pierre Pougnaud qui représente le Quai d’Orsay va nous faire un état des lieux- Monsieur Alain Fremont, conseiller de la ville de Nevers et président de Pays Serbie à Cites Unies France va nous exposer sa conception des partenariats et nous parler de son expérience sur le jumelage Nevers-Stavroupoli;
– Monsieur Christophe Chaillou, Directeur Général de l’Association Française des Communes et Régions d’Europe, nous parlera des possibilités de financement et des programmes faisant appel à plusieurs pays de l’Union Européenne.
Avant d’ouvrir le débat, Monsieur Georges Papastefanakis, Président de l’Association Prix Hellénica a insisté sur la prévalence des valeurs de l’Union afin de saisir les meilleures opportunités pour la Grèce, la France et Chypre.
-Monsieur Pierre Pougnaud, conseiller à la Direction générale de la Mondialisation du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, présente un état des lieux et une cartographie de la coopération décentralisée des communes françaises avec leurs homologues grecques et chypriotes – 58 liens avec la Grèce et 6 avec Chypre – ainsi que quelques relations au niveau des départements (mais pas encore des régions). C’est à la fois significatif, mais très insuffisant par rapport aux véritables affinités entre les pays et à l’évolution dramatique que nous connaissons et qui demande solidarité et efficacité. La nouvelle organisation territoriale de la Grèce, qui jusqu’alors était très peu décentralisée, peut être un facteur positif, mais il faut surtout faire porter ces coopérations, issues de jumelages de convivialité, vers des préoccupations concrètes des citoyens : services publics, éducation, coopération entre petites et moyennes entreprises, échanges de jeunes et «gouvernance locale» (cadastre, finances locales). Cela demande d’ autant plus d’efforts de notre part que les collectivités grecques et chypriotes partenaires sont soumises à des contraintes qui rendent très difficiles leurs déplacements à l’étranger, pour faire face aux urgences immédiates au moment où il y aurait le plus besoin d’échanges. Après avoir insisté sur cette orientation vers des thèmes prioritaires et rappelé le soutien de son Ministère aux efforts vers les peuples grec et chypriote, notamment dans les enceintes européennes, il conclut en indiquant que «si la coopération décentralisée ne peut pas faire de miracles, elle peut faire des merveilles» et surtout «qu’ il s’agit d’ être utile en temps utile», évoquant en guise de transition la dimension européenne et méditerranéenne sans lesquelles l’accès aux financements et la cohérence des programmes ne peuvent être assurés.
– Monsieur Alain Frémont, élu territorial, acteur de la Coopération Décentralisée et Européen convaincu, nous expose son idéal des États Unis d’Europe et la nécessité d’une vision commune, l’Union étant le vecteur de paix entre les peuples qui transcende les égoïsmes nationaux et régionaux. Le partenariat Nevers-Stavroupouli est basé sur l’échange entre les jeunes et se passe dans un très bel esprit de collaboration entre les deux villes.
Toutefois, on a regretté l’absence des jeunes de la ville grecque au grand rassemblement des Associations (une cinquantaine) le 1er octobre dernier a Nevers et nous espérons que le conseil municipal de Stavroupouli, partagé entre l’urgence immédiate émergente et la projection dans l’avenir pourra, avec l’aide de la Ville de Nevers, prendre une décision malgré les circonstances difficiles qui rendent plus que jamais nécessaires les échanges avec l’extérieur.
– Monsieur Christophe Chaillou, Directeur Général de l’Association française du Conseil des Communes et régions d’Europe (AFCCRE), a développé 3 axes principaux :
– en soulignant le rôle joué depuis 60 ans par le Conseil des Communes et Régions d’Europe (C.C.R.E.), où les associations de municipalités grecques sont représentées,
– en évoquant les aspects essentiels que prend le soutien de l’Union européenne envers les territoires et les citoyens.
– en décrivant les fonds structurels européens, qui ont beaucoup contribué au développement des infrastructures en Grèce et à Chypre. A ce jour, 14 milliards d’euros sur les 20 milliards de fonds attribués à la Grèce – ce qui représente 70% de l’enveloppe pour la période 2007-2013 – ne sont pas consommés. Ils seront perdus en 2013 s’ils ne sont pas utilisés. Ces fonds seront redéfinis pour la période 2014-2020, un rendez-vous à ne pas manquer. Il a indiqué la forte réserve de l’AFCCRE au principe de conditionnalité qui soumettrait le versement de ces fonds destinés aux territoires au respect par l’Etat des engagements de stabilité.
– en représentant les possibilités offertes par le programme « Europe des Citoyens » pour l’aide aux jumelages et aux échanges, entre les villes et les personnes, mais aussi au niveau des échanges économiques. Ce programme, très flexible, est un moyen concret de soutenir les échanges directs entre citoyens, notamment les plus jeunes.
Dans un contexte objectivement très difficile, Christophe Chaillou a insisté sur l’importance de la mobilisation des acteurs locaux, et notamment des citoyens, ce qui suppose le respect et le développement de l’autonomie des territoires et des collectivités territoriales.
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Tous les orateurs se sont déclarés solidaires de Chypre et de la Grèce dans les circonstances présentes.