Rencontre littéraire avec Christos Markogiannakis, par Evelyne Janvier

Le 16 mai rencontre littéraire avec Christos Markogiannakis qui présente son livre « Scènes de crimes au Louvre  » à l’auditorium de l’Alliance française à PARIS . 150 personnes viennent découvrir l’auteur, certaines l’ont lu se réfèrent à l’ouvrage au cours de la présentation. L’entretien est mené par Antoine Boussin, ex-directeur commercial des éditions Grasset.

Son parcours : Christos Markogiannakis est né en 1980 à Heraklion dans une famille d’avocats pénalistes. Son enfance a baigné dans l’univers du crime et il s’est intéressé à découvrir les motivations qui engendraient ces faits divers. Il poursuit ses études à Athènes et à Paris et obtient ses diplômes de droit et de criminologiste. Il se spécialise en droit pénal par son travail. Arrivé à Paris, il apprend très vite le français en écoutant la radio et en lisant énormément. L’ouvrage qu’il présente est rédigé directement dans notre langue.

Christos est peintre, sculpteur et auteur de « polars ». Son amour de l’art le conduit à cette étude fouillée où il sélectionne des œuvres d’art depuis l’Antiquité et les analyse comme autant de scènes de crimes. Christos mène l’enquête au Louvre. 5 des enquêtes sont analysées :

– Œdipe, qui cumule les crimes de parricide , inceste et régicide a pour base le tableau d’Ingres « Oedipe explique l’énigme au Sphynx « . L’auteur écrit , Œdipe Roi  » … pourrait bien être le premier roman policier de l’histoire de la littérature occidentale « . Nous avons un crime, l’assassinat du roi Laïos , un enquêteur à la recherche du meurtrier, Œdipe, roi de Thèbes. Enfin, la découverte du responsable, après élimination de tous les autres suspects, l’enquêteur lui-même et la fin tragique qui s’ensuivit et pour lui-même et pour sa famille. C’est ici la description du pas-à-pas d’une enquête criminelle.

– nous passons à une amphore  » Mort d’Orphée » (440-445 avant JC) Orphée, fou de douleur après la seconde mort d’Eurydice, se retire dans la forêt et n’est entouré que d’hommes charmés par ses chants et sa musique. Leurs femmes abandonnées, ivres de jalousie, décident de le tuer. L’une d’elles le transperce de son épée et lui coupe la tête qui continua à chanter. On voit un Y noir sur le bras de la femme qui tient l’épée , les hommes de Thrace marquèrent le bras de leurs femmes afin que nul n’ignore qu’elles étaient des meurtrières.

– analyse de « Médée infanticide  » de Delacroix où nous apprenons que Médée n’a pas tué ses enfants. Elle les serre contre elle et son poignard tendu vise les Corinthiens , venus venger l’assassinat de leur roi et de leur princesse qu’elle avait empoisonnés. La coupable de régicide se vit imputer le crime le plus grave, infanticide , inventé par Euripide qui justifiait ainsi l’accueil qu’Athènes lui fit et la protection qu’elle lui accorda , au nom du crime d’honneur. Jason avait « rompu un serment prêté devant les dieux ». Médée correspondant ainsi « à l’idéal grec ». Delacroix la représente avec le pied grec. Mais dans l’inconscient collectif, Médée est infanticide « une personne conçue comme criminelle dans son environnement social , même si elle ne l’est pas, subira, d’un point de vue social, les mêmes conséquences que si elle l’était » .

Suit l’étude de deux œuvres : « Les enfants d’Edouard » de Paul Delaroche (1831) , assassinat du roi d’Angleterre, Edouard V, âgé de 13 ans et de son jeune frère de 9 ans, qui permit l’accession au trône de Richard III. A qui profite le crime ? Et le « David et Goliath » de Daniele Ricciarelli dit Da Volterra, disciple et protégé de Michel Ange (1550-1555).

La rencontre s’achève. L’auteur nous promet un second volume. Le public est sous le charme, à la signature, les gens se sourient, cette descente dans le monde du crime et de l’art nous a rendus euphoriques. Alliance d’érudition, de sensibilité artistique et de logique. Je vous recommande de voir les originaux au Louvre et de comparer à votre lecture. Nous ne regarderons plus jamais une œuvre de la même façon . L’ouvrage est paru aux éditions Le Passage, prix, 19€. Vous conseillant de lire et d’offrir le livre de notre « criminartiste « 

Evelyne Janvier

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