Chers amis,
Je suis heureux d’annoncer les dates retenues pour le festival GrecDoc 2025: cette belle fête du cinéma documentaire grec aura lieu cette année pendant le week-end du 21 au 23 novembre 2025. Cette 7e édition sera comme toujours accueillie par le cinéma Grand Action de la rue des Écoles, au coeur du Quartier Latin à Paris.
L’appel à films est lancé depuis le 1er février et se clôturera le 30 juin prochain. Tout film documentaire grec, quelle que soit sa durée, est le bienvenu. Pour les inscriptions, rendez-vous sur la page GrecDoc de notre site (ecransdesmondes.org) vous y trouverez la fiche d’inscription.
Un comité de sélection visionnera les quelques 50 films inédits que nous recevons habituellement, et ce pendant les mois de mai, juin et début juillet. Les visionnages ont déjà commencés: l’objectif est de déterminer les 10 à 12 films qui formeront la sélection officielle de la saison 2025/26.
Le comité de sélection de GrecDoc est composé cette année de 10 personnalités très diverses. Femmes et hommes, grecs et français, jeunes et moins jeunes, cinéastes et non, elles viennent de tous les horizons et représentent une sorte de sélection hétéroclite des citoyens qui aiment la Grèce et l’hellénisme, son histoire, sa culture, sa langue….et bien sûr le cinéma. Il s’agit de Stefania Chounta, Nourna Baitini, Elisabeth Giallurachi, Suzanne Flory, Katerina Zambettakis, Laure Malabœuf, Pierre Theodorakis, Camilla Trombi, Stephane Szonyi et de Stefanos Poulios. Comme je souhaite que GrecDoc devienne le festival de tous les Philhellènes de France et de Navarre, la composition géographique du comité de sélection des films tient compte des partenariats que nous avons avec les diverses associations et cercles en France. On y trouvera donc, bien sûr, Paris et sa région, mais aussi le sud de la France avec Marseille, Nice et Montpellier, ou encore Rennes, Caen et Lyon….
Cette grande diversité représente pour moi une sorte de garantie d’indépendance afin de désactiver les influenceurs qui voudraient prôner telle ou telle école, favoriser tel ou tel cercle ou encore privilégier le copinage, interdit chez nous. Car le rôle de ce comité est vital: il est le filtre intersubjectif à travers lequel les films doivent passer avant de devenir un cadeau offert aux Philhellènes de France. Ce sont les cinéastes et producteurs grecs qui déterminent la qualité de la production de chaque année, mais c’est notre comite de sélection qui détermine la qualité de la sélection de GrecDoc.
Le 20 juillet aura lieu la première visioconférence du comité pour déterminer l’identité des films nominés, ce sera chose faite 3 ou 4 jours plus tard. C’est alors que la sélection passera dans les mains du comité de traduction qui aura pour charged’établir, pour chacun des films, sa version française sous-titrée. J’aurai l’occasion de vous en parler d’avantage quand on y sera.
Pour cette 7e édition du festival, il n’est peut-être pas inutile de s’arrêter un instant pour évaluer le chemin parcouru ?
Les trois premières années d’enfance nous ont aidé à trouver des modes opératoires du festival, qu’il fallait bien sûr inventer, puisque c’était le premier festival de ce genre, à base d’une initiative privée. En d’autres termes : les objectifs étaient de se faire connaître et accepter auprès des autorités compétentes grecques, de solliciter le soutien des amis cinéastes grecs, de trouver les techniciens franco-grecs pour tous les travaux techniques, de préparer des sous-titres de qualité, et bien d’autres choses encore. Tout cela, pour parvenir à construire un premier édifice solide de compétences, de références et d’expériences permettant d’envisager un avenir serein afin de développer cette idée qui était à l’origine de projet: construire une œuvre vivante, multiforme et pérenne pour rendre accessible au plus grand nombre les multiples caractéristiques essentielles de la Grèce et de l’hellénisme contemporain, avec toutes ses contradictions, comme une composante historique et indispensable de la culture occidentale. Chemin faisant, il s’est agi aussi d’offrir aux documentaristes grecs, éternels mal-aimés du pouvoir conservateur grec, une fenêtre permanente pour présenter dans leur pays ami-naturel leurs œuvres, et ainsi créer, nourrir et développer des champs de dialogues afin d’agir conjointement pour un monde meilleur.
Les quatre années qui ont suivi cette période initiale, qui sont un peu l’adolescence du festival, ont surtout servi à consolider et à améliorer les modes opératoires, mais aussi à initier et à développer une installation solide du festival en régions à travers des ciné-clubs. Il était important pour moi d’établir clairement que GrecDoc est une initiative pour tous. Autant il fallait démarrer et réussir à Paris, autant il fallait surtout ne pas s’arrêter là, mais au contraire affirmer notre présence régionale, voire locale. GrecDoc est un projet populaire, le cinéma documentaire appartient à tous.
Pendant cette adolescence, une autre dimension de GrecDoc a fait l’objet d’améliorations notables: celle des traductions et adaptations des films vers des versions françaises sous-titrées. Ce travail est en quelque sorte “endémique” à GrecDoc, puisque nous récupérons les films à la sortie de leurs ateliers, de leurs studio. Ils sont en VO, et si les producteurs investissent traditionnellement dans des versions anglaises -marché international oblige- c’est extrêmement rare qu’une version française soit préparée. Cette tâche nous incombe donc, et c’est grâce au travail et au soutiende Francoise Colcanap et de l’équipe des traducteurs bénévoles qui s’est peu à peu constituée, que nous sommes aujourd’hui en possession d’un savoir-faire remarquable, qui rend hommage aux talents des réalisateurs, tout en permettant l’accès des spectateurs français aux œuvres dans de bonnes conditions.
La septième édition de GrecDoc en cette année 2025 sera peut-être l’entrée dans l’âge adulte du festival. Qu’est-ce que cela signifie?
Cela signifie d’abord que le festival a développé sa personnalité, c’est à dire sa ligne éditoriale qui construit son identité dans le concert des propositions culturelles s’intéressant à la Grèce contemporaine. Quelques mots clefs définissent l’essentiel de ce que nous demandons aux films :
> être résolument contemporains
> être réalisés par un.e grec.que et traiter de la Grèce
> être d’un bon niveau professionnel pour ce qui est de l’image et du son
> être issus d’une solide recherche, documentée et vérifiée,
> représenter un récit grec complet du réel, vérifiable, et si possible incarné
> avoir la capacité d’émouvoir et d’inspirer tous les spectateurs, grecs ou non.
L’ensemble de nos films, sélectionnés au fur et à mesure de l’évolution du festival, participe ainsi significativement à la construction de ce que nous pourrions appeler un champ approchant (sans la définir) ce qu’est la Grécité. Loin de tout fantasme hégémonique ou de toute nostalgie hellénique, et évidemment loin de tout nationalisme (de droite ou de gauche) déplacé, les histoires, les expériences, les phénomènes, les situations, les protagonistes de ces films sont comme les pierres qui bâtissent la Maison de la Grèce contemporaine, comme autant de chapitres qui écrivent le Roman de la Grèce éternelle.
Après des siècles d’errance, d’occupation, de dispersion et de querelles, et un 20e siècle particulièrement douloureux, peut-être est-il temps maintenant de penser à la reconstruction d’une identité nouvelle, forte, souriante et inspirante dans une Europe rajeunie et plus unie dans laquelle la voix grecque sera originale et audible ?
Le travail autour de GrecDoc va dans ce sens.
Michel Noll
Directeur du Festival GrecDoc